Résonance

#poésie #audelàdesécrans #mouvement #résonance

Les poètes, poétesses sont pour moi des êtres en résonance (avec soi, avec l’autre, avec le monde) et c’est aussi pour cela il me semble qu’ aujourd’hui la poésie est si vitale et essentielle. 

Lorsque Aliette Griz m’a proposé cet atelier à partir du mot contamination et qu’elle m’a demandé d’y associer un mot, j’ai proposé «résonance» qui est très en lien avec ma pratique artistique, alliant écriture poétique, mouvement, oralité et improvisation vocale, chant. Très en lien aussi avec mon rapport à la créativité, qui est d’abord pour moi une histoire de rencontre.

Et puis dans le contexte actuel, j’ai fait le lien avec la pensée du sociologue Hartmut Rosa, qui étudie la relation de l'individu au monde et développe sa théorie autour de ce mot. «Être en résonance c’est, selon moi, avoir une relation réciproque avec le monde et les autres: vous sentez que votre voix porte dans le monde, que celui-ci vous répond. Or il me semble qu’une épidémie comme celle-ci attaque nos axes de résonance.» Comme exemples d’état de résonance, il nomme: un pilote de Formule 1 qui se sent en résonance avec son bolide, avec la route; idem pour le spectateur d’un concert de hard rock. Pour lui, ce n’est donc ni synonyme de lenteur ni de douceur. Le contraire de cet état de relation au monde serait l'indifférence.

La résonance vient ouvrir un espace de relation. Des synonymes tels que : rencontre, vibration, force de contamination, transformation nous guideront pour un atelier construit en duo. 

Les propositions d’écriture sont pensées pour permettre une rencontre en groupe, derrière un écran, avec un souci de créer un rythme qui nous garde ensemble, plutôt que nous isoler dans nos mots. 

Cet atelier a été créé sur l'invitation des Midis de la Poésie et a eu lieu le 6 janvier 2021.

Résonance References

"Je tenais à vous remercier pour l’atelier d’écriture qui résonne encore aujourd’hui. Merci pour ce beau moment, la générosité des échanges et le partage des textes, images ressources très inspirantes.

Mélanie Rutten

 
Le premier atelier s’est tenu avec Anne Guinot et treize complices. Comme bien souvent, l’après permet de mesurer toute l’adrénaline accumulée. Fini, déjà, pourtant. Alors, pour ralentir un peu, et profiter du rythme lent, voici une nouvelle rubrique du #Poesielab, intitulée "le debrief".
Nous étions d’accord avec Anne sur l’objectif de cet atelier : comment se toucher ? C’était notre baptême d’atelier par zoom. Je n’avais pas eu envie pendant les beaux jours de tester la distance de cette façon, et Anne n’est pas une femme d’écran. La coanimation nous a donné le désir de dépasser les doutes quant à l’outil que nous allions investir. Anne Guinot travaille beaucoup avec le corps, le mouvement possible vers l’écriture. Elle a investi le mot «résonance» en l’envisageant comme un phénomène physique qui doit nous agiter.
Nous avions prévu des écritures courtes pour plus de temps à résonner ensemble. Des pistes pour se rapprocher, et se sentir plus ancré.e.s entre les écrans.
Nous avons tenté de préparer à distance dans un document partagé, mais cela ne fonctionnait pas. Il a fallu se parler, laisser nos mots résonner ensemble. Anne avait des propositions fortes qui se tenaient, prêtes à la rencontre avec des participant.e.s. Je n’ai pas voulu rivaliser et je me suis contentée de broder un peu, autour et de faire de l’assistance technique. La rencontre avec Anne n’était pas simplement un exercice de forme: quelles propositions pour quelles heures à partager ensemble? Mais aussi une aventure de méthode à trouver à distance.
Les mots d’Anne Guinot, femme qui prépare ses ateliers avec soin et passion :
«Lorsque Aliette m’a proposé de coanimer cet atelier à partir du mot contamination et qu’elle m’a demandé d’y associer un mot, j’ai proposé «résonance» qui est très en lien avec ma pratique artistique, alliant écriture poétique, mouvement, oralité et improvisation vocale, chant. Très en lien aussi avec mon rapport à la créativité, qui est d’abord pour moi une histoire de rencontre. Et puis dans le contexte actuel, j’ai fait le lien avec la pensée du sociologue Hartmut Rosa, qui étudie la relation de l'individu au monde et développe sa théorie autour de ce mot. «Être en résonance c’est, selon moi, avoir une relation réciproque avec le monde et les autres: vous sentez que votre voix porte dans le monde, que celui-ci vous répond. Or il me semble qu’une épidémie comme celle-ci attaque nos axes de résonance.» (...) Les poètes, poétesses sont pour moi des êtres en résonance et c’est aussi pour cela il me semble qu’ aujourd’hui la poésie est si vitale et essentielle. La résonance vient ouvrir un espace de relation.»
Pour commencer, on a cherché nos cordes de résonance, il y avait les sentiers, le besoin de se perdre, l’écriture, le jardin, la joie, le mouvement, l’aventure, les vagues, le plaisir d’être en vie, l’envie de tisser des liens porteurs, l’air de la forêt, l’activisme, le jeu, le trait.
Ensuite, nous avons été à l’écoute de nos corps dans l’espace, à l’écoute de l’espace dans nos corps et on a écrit nos il y a du dedans, ceux du dehors, ceux du dedans qui résonnaient avec le dehors, ceux du dehors qui résonnaient avec le dedans, que nous avons partagé en échos. Il y avait « des os et de la peau », « le volcan dans mon sexe qui remonte dans ma poitrine et qui fait parfois irruption au sommet de ma tête», «un là-bas où je vais où je vais», « une baleine boréale sous des blocs de glace», « ma tête qui tourne avec la planète », « un mouton dans le jardin et un nuage dans mon oreille gauche », « de la rouille et du rêve », « mes bras étendus entre les murs étroits », « les fougères et l’odeur des fougères», « ce vent vibrant dans ma tête », « mes veines enfermées dans mes bras, dans mes doigts», « la mer là-bas qui soulève mon corps ici », «un train qui m’attend sur un quai que je ne connais pas encore ».
Puis, Anne Guinot, a proposé une expérience de danse et de rencontre: « Pour moi, la danse est un espace de résonance. La danse est une écriture du corps dans l’espace et l’écriture est une danse des mots dans l’espace. L’écriture est mouvement. » Alors, on a dansé seules et ensemble et écrit la rencontre.
On a débordé pour entendre d’autres "Il y a" , qui n’étaient plus les mêmes. Il y avait « mouvement à l’intérieur de moi », « beaucoup de soleil dans les cœurs », « plein de cellules », « une fatigue joyeuse », « du plaisir à l’écran », « des sourires qui ont grandi », « un rythme », « une écoute », « vos voix qui me touchent ». On a agité les mains, et c’était fini.
Aliette Griz et Anne Guinot